Critique de l'anxiété pure
Fred Vargas [Vargas, Fred]" [...] Autant éclaircir ce point dès maintenant : le Tracas vit sur l'homme,
et il se reproduit sur lui. J'en connais d'aucuns qui conçurent l'idée de
déposer leurs tracas sur une bête de somme, un âne, un bœuf. Cette technique
fonctionne bien pour les farines, les raisins et les olives, en aucun cas pour
les tracas qui ont tôt fait de se rabattre en hâte sur leur hôte légitime,
l'Homme, auquel ils sont névrotiquement attachés. Avouons que ce n'est pas de
veine.
Je crois bon d'indiquer ici que l'origine du Tracas est très ancienne. De
magnifiques échantillons, englués dans l'ambre fossile en compagnie des
moustiques, ont pu être datés de quatre millions d'années. C'est ainsi que la
genèse des tracas, leur évolution darwinienne, leur portage, leur maniabilité,
constitue une thématique carrément fascinante. Et que vous aimeriez que je
développe plus avant. Mais non. Car ce n'est là qu'une approche timorée, une
dissertation d'intellectuel dont je m'éloignai pour un but nettement plus